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Nevado Ojos del Salado, record de vitesse en aller-retour

Le camp de base n°2 de l’Ojos, avec la petite cabane, et l’Ojos del Salado en arrière-plan qui pointe le bout de son sommet.

Etienne Loisel et Antoine Retours sont maintenant de retour du Chili. Il y a quelques semaines de cela, nous vous présentions leur projet de record d’ascension aller-retour du Nevado Ojos del Salado, le plus haut volcan du monde. Etienne nous embarque dans l’aventure à travers son récit d’expédition et nous raconte comment leur exploit tient au collectif qu’il forme avec Antoine. Une belle illustration de la doctrine « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » !

Nevado Ojos del Salado, Février 2019, par Etienne Loisel

Pendant nos deux premiers jours au Chili, nous avons grimpés deux jolis sommets, l’un à 4890m et l’autre à 5090m, au-dessus de Laguna Santa Rosa (3780m), où nous avons dormi trois nuits.

Nous sommes ensuite montés au Laguna Verde (4360m), au pied de l’Ojos del Salado, où nous avons dormi deux nuits. Ma première nuit ici a été horrible : maux de têtes, nausées, perte d'appétit... les vrais symptômes d'un petit mal des montagnes. Antoine a mieux supporté les premiers jours d'acclimatation. Mon corps a fini par s’acclimater, nous avons donc grimpé notre premier 6000, le Nevado San Francisco (6029m) à la frontière de l’Argentine, le mercredi 13 février. Malgré un très fort vent d'ouest, cette ascension a été une vraie partie de plaisir. Le lendemain, nuit au refuge Atacama à 5260m d'altitude. C'est le camp de base n°2 de l'Ojos del Salado. Nous en avons alors profité pour planquer de l'eau pour notre tentative de record la semaine suivante.

Nous continuons notre acclimatation dans le désert d’Atacama. Les paysages sont incroyables. Bien que intégralement minérale, cette région nous surprend sans cesse par ses couleurs, son soleil et ses nuages.

Après quelques investigations sur place, nous étions maintenant certains que personne n’avait jamais tenté ce que nous souhaitions réaliser.

Sommet du Cerro Siete Hermanas Maricunga, Chili
Au sommet du Cerro Siete Hermanas Maricunga (4890m), je prends le temps de contempler le paysage. C’est la première fois que je monte ci-haut, à l’inverse d’Antoine.

Descente de la face nord du Cerro Siete Hermanas Maricunga, Chili
Nous décidons de descendre par la face nord, plus accueillante avec ses pierriers fins dans lesquels nous allons pouvoir courir.

Laguna Verde, face au sommet enneigé le Cerro Laguna Verde
Au Laguna Verde, face au sommet enneigé le Cerro Laguna Verde, je suis en train d’écrire quelques lignes sur mon cahier de voyage. Je suis en même temps en train de me poser beaucoup de questions quant à mon acclimatation.

Ascension Nevado San Francisco, Chili
Antoine dans l’ascension du Nevado San Francisco, à la frontière avec l’Argentine. Les paysages sont lunaires !

Expédition au Chili, acclimatation
Je suis en train de parler d’un des sommets alentour avec Antoine. Nous portons les gros sacs TAKAMAKA 100D car nous prévoyons de bivouaquer au camp de base 2 de l’Ojos, Atacama.

Sommet du volcan Vicunas, Chili
Nous deux au sommet du volcan Vicunas 6050m, notre deuxième 6000 d'acclimatation (à gauche Antoine Retours et à droite Etienne Loisel).

57km, 2700m D+, 21h18, sommet du Nevado Ojos del Salado à 6893m d’altitude, voilà le bilan d’une expérience hors du commun et d’un record de vitesse !

Mardi 19 février 2019, c’est le jour J. Il est 21h lundi 18 février, nous partons du camp de base n°1, 4550m d’altitude. Le soleil vient de se coucher derrière le volcan Vicunas, notre dernier « 6000 » d’acclimatation. A la lumière de nos frontales, nous courons en grande majorité les 16 premiers kilomètres. Martin nous suit, il fait des images. Du côté argentin, une tempête sèche éclaire la nuit à coup d’éclairs orangés incroyables. Il ne fait pas encore très froid, on est bien. Au seizième kilomètre, à 5050m, Martin nous attend avec le 4x4. C’est le moment de troquer notre tenue de coureur pour celle de haute-montagne. Nos sacs TAPCAL 2D sont prêts, les piolets fixés dessus. On quitte Martin, on s’enfonce dans la nuit, pour de bon. Nous ne le reverrons que dans quelques heures, dans la descente. Il doit nous attendre au même endroit.

Direction donc le camp de base n°2, il est minuit. Une petite heure plus tard, nous y voilà. 5260m d’altitude. Il y a ici deux petites cabanes qui font office de refuges, et des emplacements pour les tentes reconnaissables grâce à leur pare-vent en pierres. On boit un café, on mange quelques cookies, avant de repartir vers le camp de base n°3, Tejos, situé à 5830m d’altitude. Le vent se lève en l’espace de quelques minutes. Un vent glacial. Quelques minutes avant d’arriver à Tejos, mon altimètre indique l’altitude du camp de base. On ne doit pas être bien loin de la cabane. Nous ne prenons donc pas le temps d’enfiler notre doudoune, au risque de se geler les doigts. Nous préférons avoir froid quelques minutes et attendre d’être au refuge pour se changer avant de repartir. Sauf que le refuge n’arrive pas. La carte, peu précise, omet d’indiquer qu’il faut traverser une combe sous le refuge avant d’y arriver. Le temps de descendre puis de remonter de l’autre côté, le froid nous a mordus. Nous arrivons finalement à Tejos avec soulagement, mais frigorifiés. Je tremble, je suis nauséeux, j’ai mal au crâne. Nous sommes en avance sur nos prévisions, presque d’une heure. Je tente donc de me coucher dans un des lits du refuge, mais il n’y a pas de couvertures dignes de ce nom. J’oublie que j’ai une grosse couverture de survie dans le fond de mon sac. Mon cerveau tourne au ralenti, ou à l’envers, je ne sais plus. J’essaye donc de mettre un matelas sur moi en guise de couette. L’homme sandwich ne rigole plus. Il est couché dans le fond d’un cabanon poussiéreux perché à 5830m, en quasi hypothermie. De manière inéluctable, le sommet s’éloigne. L’erreur est cruelle ici…

Sous mon matelas, je ne me réchauffe pas. Je demande à Antoine de venir me réchauffer. Il s’exécute bien gentiment. Il est mieux que moi à cet instant. On se sert l’un contre l’autre dans un lit une place. La scène est cocasse, mais terriblement efficace. Tels des manchots empereurs, nos chaleurs corporelles respectives nous réchauffent mutuellement. Deux heures passent ainsi. Je suis toujours très nauséeux, je vais me faire vomir. J’ouvre la porte du cabanon, je fais un seul pas, et je ressors le repas de 19h, le café et les cookies de minuit. Je retourne me coucher, je vais mieux. Il est maintenant 4h du matin, nous sommes en retard d’une heure sur nos prévisions. Mais il est pour le moment inenvisageable de reprendre la route du sommet. Je n’ai plus rien dans le ventre, j’ai grillé quelques cartouches d’énergie, Antoine commence à avoir de nouveau froid, et dehors la température n’a pas augmenté d’un degré. Il fait tellement froid que, même à l’intérieur, tout gèle. Nos 5 litres d’eau sont devenus glace. Heureusement, nous avions prévu un réchaud. On réchauffe donc notre eau, 50 cl par 50 cl, en déplorant tout de même quelques pertes. En même temps, on danse, on essaye de se réchauffer comme on peut. Nous retrouvons l’appétit, c’est bon signe. On se prépare deux bonnes soupes lyophilisées avant de prendre la décision de continuer l’ascension. Il est 6h15, nous sommes restés 4h et 15 minutes ici, il est grand temps de repartir.

Le lever de soleil ne va pas tarder, vers 7h. Avec lui reviennent nos rêves de réussite. Il fait moins froid, et les paysages sont incroyables. En raison des prévisions météo pessimistes pour l’après-midi, nous nous sommes fixés une barrière horaire à midi au sommet, dernier carat. Seulement, avec nos 4 heures perdues à Tejos, la fenêtre de réussite s’est refermée. Vers 6500m, Antoine coince un peu. Il est éreinté et l’altitude rend l’ascension difficile. A 10h, nous prenons la décision de continuer chacun à son rythme, et de faire demi-tour à midi, quoiqu’il arrive. Je pense pouvoir faire les 400 derniers mètres de dénivelé en moins de deux heures. Je distance Antoine lentement, ça me fait sourire, on semble être deux escargots qui se font la course. Je fais 10 pas, je m’arrête une minute pour reprendre mon souffle.

Ascension Nevado Ojos del Salada, Chili
Antoine  Retours dans l’ascension de l’Ojos, nous sommes environ à 6300m.

Vers 11h, je suis à l’entrée du couloir terminal, à 6800m. Je crois maintenant vraiment au sommet. Sauf que dans le couloir, je ne vois aucune trace. Brassage garanti à presque 7000m d’altitude. La partie risque d’être corsée. Je sors le piolet, sur lequel je somnole à chaque pause. J’ai mal au crâne aussi. Je pense à renoncer, à seulement 50 mètres du sommet. Heureusement, le soleil brille, il n’y a pas encore de nuages à l’horizon, et il n’y a pas de vent. Il fait presque chaud, aux antipodes de notre nuit mouvementée à Tejos. Finalement, j’atteins le sommet à 11h45, après l’escalade d’une jolie arête aérienne. Je reste 15 minutes pour faire quelques images et profiter du cadre. Je bois aussi ma dernière goutte d’eau. La descente vers Tejos s’annonce déjà fastidieuse.

Sommet Nevado Ojos del Salado
Mon altimètre au sommet de l’Ojos del Salado.

Je m’arrête boire dans un filet d’eau de fonte de pénitents. Je suis sec, cramé ! Les 1000 mètres de descente vers Tejos sont longs, interminables. Le vent se lève quand j’arrive à Tejos. J’espère y trouver Antoine, mais il n’y a personne. Il doit être descendu à Atacama, au camp de base n°2. J’y descends donc. Antoine n’est pas là. Mais sur la table de la cabane, je trouve écrit « Avec Martin », en allumettes. Ça me fait sourire. Tout va donc bien pour lui, ça me soulage. J’entame la descente vers notre point de rendez-vous commun avec Martin. J’emprunte la Rocky Road, plus courte, et balisée avec des grands cairns. La chaleur du désert fait vaciller l’horizon… et mon esprit. Les cairns se transforment en personnes, je crois même voir un vélo. Des hallucinations, c’est la première fois que ça m’arrive ! Après quelques confusions grotesques, je crois apercevoir Antoine. Il est assis au bord de la piste, il doit attendre Martin qui n’est pas encore arrivé au point de rendez-vous. J’arrive à une dizaine de mètres de lui, mais ce n’est pas lui ! Un vulgaire tas de cailloux trône devant moi, mis en action par le fameux mirage du désert. Mon moral baisse, c’est décevant.

Finalement, quelques centaines de mètres plus loin, j’aperçois pour de bon la voiture. Martin et Antoine sortent quasi instantanément, ils m’ont vu. Je commençais à souffrir de solitude, ça fait réellement du bien de les voir. Antoine vient à ma rencontre, il va bien. Il est en revanche extrêmement déçu, ça se voit instantanément. On échange sur nos expériences respectives. Lui est redescendu vers 6600m, il n’a pas eu le temps de continuer. Si nous n’avions pas perdu autant de temps à Tejos cette nuit, il aurait peut-être pu espérer aller plus loin. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est de ma faute. Il était moins frigorifié que moi, il aurait pu repartir plus tôt du dernier camp de base. Mais on ne peut pas revenir en arrière, c’en est ainsi, et je m’en veux.

Il est 15h30, je suis avec Martin et Antoine à côté du 4x4. Je n’ai pas le courage de finir, je n’ai plus qu’à monter dedans et me laisser transporter jusqu’au camp de base 1. Tant pis pour le record et la première mondiale, le défi est trop dur.

Oui mais voilà, j’ai encore des ressources mentales. Le fait de parler aux gars me remet un peu d’aplomb. Il me reste 16 kilomètres à parcourir pour rejoindre le camp de base 1 afin de boucler ce fameux Aller-Retour. Je décide de continuer. Je trottine en descente, je marche sur le plat. Je suis en train d’explorer une zone d’effort que je ne crois pas avoir déjà rencontré. Mes yeux se ferment, et j’ai toujours mal au crâne. A partir des 6 derniers kilomètres, je ne peux plus courir. Mon cerveau le veut, mais pas mes jambes. A la faveur d’un virage, j’aperçois enfin le refuge Murray, d’où nous sommes partis à 21h hier soir.

Je sais maintenant que je vais réussir ce que personne n’avait tenté auparavant. Antoine me fait l’honneur de faire les 3 derniers kilomètres avec moi. Il m’aide, comme il m’avait déjà aidé à 3h du matin à surmonter ma petite hypothermie. Alors oui, c’est moi qui suis en train de réussir le challenge que nous nous étions lancés 6 mois plus tôt, mais cette performance restera collective. Sans lui, je n’aurais pas réussi, c’est certain. Ma joie est donc mesurée quand je franchis la ligne d’arrivée, et parce que je dois respecter la frustration d’Antoine, et parce que je n’ai plus l’énergie suffisante pour exulter. On déguste tout de même un petit vin chilien pour fêter ça, c’est notre première goutte d’alcool depuis 12 jours. Nous venons d’accomplir une première sur le plus haut volcan du monde.

57km, 2700m D+, 21h18, sommet du Nevado Ojos del Salado à 6893m d’altitude, voilà le bilan d’une expérience hors du commun.

« On déambule dans les rues en pente de Valparaiso en observant les fresques murales toutes plus incroyables les unes que les autres. Elles sont les témoins d’univers tout droit sortis de l’imagination des peintres. Si j'étais grapheur, j’aurais pu peindre une de ces fresques. Elle aurait raconté l'univers à part entière de la haute altitude.» Etienne Loisel

Record de vitesse aller-retour Ojos del Salado
La page que nous avons écrite sur le cahier au camp de base n°1. Les guides locaux nous ont effectivement confirmés que nous étions les premiers à tenter cet itinéraire en A/R.
Crédits photos : Antoine Retours et Etienne Loisel.

Leur témoignage matos « Nous sommes réellement contents des sacs à dos TAPCAL 2D et TAKAMAKA 100D : fonctionnels, ergonomiques, esthétiques... Le 87 litres est tout simplement bluffant. Même avec 25 kg sur le dos, il reste agréable à porter. Nous l'adorons !